One night with a stranger

La musique battait son plein, notre table était pleine de bouteilles qui n’étaient pas forcément les nôtres mais Jess, tout comme moi, savions comment jouer de nos charmes pour parvenir à nos fins. Nous dansions comme des folles, nos verres entre les mains, rien ne pouvait nous arrêter. Les mecs n’étaient pas forcément très beaux mais tant que nous faisions un minimum la conversation, nous pouvions rester avec eux. Je venais de me faire larguer et j’avais besoin de me changer les idées. Pas que j’étais très attachée à ce mec, ce qui expliquait la raison de la rupture, mais je n’aimais pas cette phase où j’étais supposée me sentir mal. A vrai dire, j’avais beau avoir entendu parler de tout ça, le voir dans les films ou le lire dans les rares livres qui s’étaient trouvés entre mes mains, je n’avais jamais ressenti tout ça. Est-ce que j’avais réellement été amoureuse un jour ? Telle était la question. Et je ne comptais pas y répondre ce soir. Aussi, même si les mecs de la bande nous avaient fait faux bond ce soir, nous étions quand même sorties toutes les deux et je ne le regrettais en rien, au contraire. Les beaux gosses étaient de sortie ce soir, un vrai régal pour les yeux et je ne comptais pas m’en priver. Je dansais sensuellement, attisant du regard ceux qui hésitaient encore à se joindre à moi. Mauvaise idée sûrement parce que la majorité ne savait pas danser au rythme de la musique. Je soupirais et je décidais de retourner à la table pour me servir un verre… Sauf que la bouteille était vide. Je lâchais un râle agacé tout en déposant le contenant vide, je m’adressais alors à ma meilleure amie :

« Je vais au bar. »

Rien de plus, rien de moins, elle me connaissait et je savais qu’elle n’avait pas besoin de moi pour se débarrasser des relous si besoin. Je mettais donc mon plan à exécution et j’esquivais les gens tant bien que mal pour rejoindre le saint Graal : le bar. Je hélais un serveur qui prit le temps de servir tout le monde avant moi. Au bout de plusieurs minutes, je récupérais enfin mon bien : un rhum coca. Je sirotais alors ma boisson en me tournant vers la piste pour scruter les visages. Rien de bien intéressant, est-ce que tous les beaux gosses avaient décidé de plier bagage ? Je m’avançais un peu, décidée à rejoindre Jess que je n’avais que trop abandonnée lorsque je bousculais un gars, un brun aux yeux sombres.

« Excuse-moi, j’t’avais pas vu ! »

Droit au but, encore et toujours. Je n’attendais pas plus longtemps et je rejoignais mon amie à la table qui nous était attribuée. Nous passâmes un bout de temps à picoler d’ailleurs avant de nous décider à retourner sur la piste. J’avais posé mon verre, bien décidée à trouver un bon danseur avec qui rentrer cette fois. Il ne fallait pas déconner non plus ! Mon ex était mauvais amant et je n’avais aucune raison à me morfondre sur notre séparation alors autant passer à l’étape suivante tout de suite, non ? Jess avait trouvé un gars à son goût, je me retrouvais donc seule à danser sur la piste et franchement, vu le talent de ceux qui étaient présents, j’hésitais vaguement à retourner à ma table. J’hésitais seulement parce qu’un homme se distinguait sur la piste. Autant tenter le coup, non ? Je m’approchais de lui tout en dansant l’air de rien jusqu’à ce que nos regards se croisent. Tiens tiens, il m’avait tout l’air du gars que j’avais bousculé tout à l’heure. Il semblait en avoir dans le ventre !

« Allez, montre-moi… » murmurais-je plus pour moi que pour qu’il ne l’entende.

Codage par Libella sur Graphiorum

One night with a stranger

Il n’en fallait pas plus pour que le brun ne passe ses bras autour de moi pour commencer à danser. D’un geste précis, il me rapprochait de lui pour que nous puissions danser en rythme. Ce gars n’avait plus rien à voir avec celui qu’il était tout à l’heure à savoir m’envoyer balader et me regarder de travers. Bien sûr il s’était excusé mais j’étais bien loin de me douter qu’il accepterait une danse. Il fallait dire que j’avais bien bu aussi même si j’étais encore consciente de ce qui m’entourait et des choix que je faisais mais je n’avais pas envie d’être sage ce soir. Autant je me foutais d’être accompagnée ou non en règle générale, autant ce soir je ne voulais pas rentrer seule. J’avais le goût de faire autre chose que de rentrer dans mon petit appartement pour aller me coucher et passer un dimanche classique à ne rien faire. Non, aujourd’hui j’avais envie d’un peu de piment et de repartir au petit matin avant de passer un dimanche devant la télé en pyjama. Bien entendu, je n’étais pas désespérée au point de choisir n’importe qui, j’avais quelques critères de base et cet homme en remplissait quelques-uns. Je levais les yeux sur le brun qui semblait peiner à continuer à danser. Pourtant il ne m’avait pas l’air d’être du genre mauvais danseur, il venait un peu de me le prouver comparé à mes précédents partenaires qui cherchaient simplement à se frotter. Il me confiait alors sortir de l’hôpital et je le regardais, hébétée :

« Qu’est-ce que tu fous là si t’as encore mal ? » Demandais-je plus par inquiétude qu’il ne me tombât dans les bras que par méchanceté.

Je l’aidais à se traîner jusqu’à un canapé pour qu’il puisse s’y installer. Et maintenant ? Me voilà bien ! Moi qui voulais rentrer en bonne compagnie, je me retrouvais avec un estropié. Un bel estropié certes, mais quand même ! J’hésitais vaguement entre m’asseoir avec lui ou bien l’abandonner là puis je me souvenais d’un détail :

« Attends, t’avais pas une béquille tout à l’heure ? T’en as fait quoi ? »

Est-ce qu’il y avait des gens assez stupides pour voler une béquille à une personne handicapée ? Bon la réponse était oui et d’autant plus en soirée mais est-ce que quelqu’un lui avait vraiment fait ça ? J’arrivais pas à comprendre les gens qui faisaient ça. A moins qu’il ne l’ait laissée lui-même quelque part mais pour faire quoi ? Pour danser ? Dans son état ? Bon à vue de nez comme ça, il ne paraissait pas avoir un quelconque handicap mais les faits étaient là et démontraient qu’effectivement, il ne pouvait pas tenir debout sans béquille ou très peu, sans parler de danser. Mais quelle idée avait eu ce type ?

« T’es venu avec des potes ? » Demandais-je.

Après tout, il l’avait sans doute laissée à leur table et je pouvais au moins l’aider à l’y reconduire. Je croisais les bras sur ma poitrine en attendant sa réponse.

Codage par Libella sur Graphiorum