« Le regard vers mes pieds, les yeux larmoyants. Ce cœur qui bat bien trop la chamade. Pourquoi nous ? Je ne le souhaite à personne d'autre, mais pourquoi ? Je sentais déjà que cette question allait me trotter dans la tête pendant plusieurs années. Je relevais la tête, esquivant son regard, je n'y arrivais plus, elle non plus. Me levant pour sortir de cette pièce gorgée d'émotion, je l'entendais retenir son chagrin, sa respiration était saccadée, les larmes baignaient son visage. Je ne pouvais la blâmer, cela avait été un choc pour nous deux, une horreur qu'aucuns parents ne souhaitent vivre. Notre couple ne tenait plus, on se lancé la pierre, comme si cela pouvait être la faute de l'un de nous. Plus rien n'allait. Prenant mes valises, je partais, sans me retourner. »

Secouant la tête avant d'entrer dans la salle, cette salle où des parents attendaient que je leurs annonces une nouvelle, une bonne si possible. Je reprenais mon souffle, une dernière fois, avant de poser ma main sur la poignée et entrer dans cette pièce, la même où l'on m'avait annoncé la maladie de ma fille. Les saluant d'un signe de tête, je m'asseyais face à eux, ne perdant pas de temps. Je pouvais limite entendre les battements de cœur de cette jeune maman, je ne savais que trop bien le mal que ça faisait lorsque le médecin se mettait face à nous et attendais avant de nous l'annoncer, comme si perdre du temps pouvait changer l'issu fatale. Un éclat, des cris, des larmes… Je baissais mon regard en direction de mes mains bien trop serrées, blanchissant l'extrémité de mes doigts. « Nous allons lui faire remonter la pente, je vous le promets. » Il était hors de question que je laisse leur enfant partir elle aussi. Un remerciement perdu dans toutes cette tristesse, je ne lâcherais rien. Pour elle.

« Ce petit bip, tous ses appareils autour de cet enfant qui attend tout de la vie, qui se bat pour la garder. Sa petite main toute chaude dans la mienne, mon regard fixait sur ses petites paupières s'agitant bien trop. Si seulement je pouvais lui donner ma vie, lui donner toute ma force, elle mérite de vivre, bien plus que moi. « Docteur… Mr. Milligan, nous allons l'emmener au bloc. » Hochant la tête sans lâcher sa petite main, je suivais le brancard qui l'emmenée vers une salle bien trop sombre. Par pitié, rendait la moi. Je restais bêtement dans ce couloir, observant cette porte qui s'était refermée derrière ma petite, mon ange, mon tout. Ne pouvant retenir ses larmes qui ruisselaient le long de mes joues, ce petit doudou dans une main. »

Poussant la porte de la chambre, j'affichais un sourire bien trop forcé. Ce petit être n'avait rien demandé, elle voulait être comme les enfants de son âge, jouer dehors, s'éraflait le genou, manger des bonbons… A la place, elle se retrouvait dans ce lit d'hôpital, reliée à plus de machines que d'années de vie. Je prenais sa main dans la mienne, la sentant se refermer sur sa prise, signe qu'il y avait encore de l'activité dans ce petit corps, c'était bon signe. Tournant ma tête vers les parents se trouvant dans un coin de la chambre, je leurs fis alors signe de venir vers moi et de prendre eux aussi la main de leur fille. Un rire suivi de larme, me déchirant le cœur. Leur petite était en vie, elle luttait comme elle le pouvait, mais elle était encore là. Nous pouvions alors passer à l'étape suivante. Me dirigeant vers la sortie, je me retournais une dernière fois avant de quitter la pièce, observant cette famille qui serais bientôt réunie, je sentais mes yeux devenir larmoyants. Me précipitant vers mon bureau, claquant la porte derrière moi, je m'effondrais au sol, retenant un hurlement. Je tapais mon poing au sol, la déchirure dans mon cœur ne s'était jamais refermée, son visage trottait encore dans mon esprit. Prenant mon téléphone en main, le soulevant pour faire apparaître mon fond d'écran, ce visage si doux, si angélique, innocent.

« Ne sachant comment, je me retrouvais debout devant son lit d'hôpital, l'observant une dernière fois. Il n'y avait plus aucun signe de vie, plus rien ne réagissait. Toutes ses machines allaient bientôt s'éteindre, la laissant partir tranquillement, elle ne souffrirait plus. Prenant sa main dans la mienne, une dernière fois. Mon chagrin était immense, mon cœur me faisait souffrir. Son visage si doux, allait bientôt rejoindre un endroit meilleur. Hochant la tête en direction de mon collègue, prêt à débrancher, je donnais le signal, je n'arrivais même plus à émettre de son. Le bip incessant, ralentissant au fur et à mesure que son cœur s'éteignant et le silence. « Adieu petit ange. » Il m'était difficile de reprendre ma respiration, difficile de penser, de dire quoi que ce soit. Je ne voulais pas lâcher cette main si douce. »

Ses petits yeux s'ouvraient doucement, les machines autour d'elle avaient disparus pour la plupart. Je prenais sa main dans la mienne, lui souriant. « Bienvenue parmi nous, tu t'es battue comme une petite cheffe. » Forçant son visage à sourire, une petite larme perla au coin de son œil. Son cœur battait, ses jambes réagissaient lorsque je les touchaient avec mon stylo, ses prises de sang étaient meilleures. Laissant ses parents entraient dans la chambre, je ne pouvais qu'imaginer la joie qui remplissait leurs corps, cette joie de revoir le doux regard de son enfant, de voir sur son visage qu'elle va mieux, qu'elle a réussi. Marchant dans le couloir, j'avais ce sourire attachait au visage, j'avais réussi. Leur petite fille est en vie, elle peut de nouveau sourire. « J'ai réussi mon ange, je l'ai fait. » Frottant le médaillon de son baptême, entre mes doigts, je me dirigeais vers la sortie de l'hôpital, prendre une grosse bouffée d'air frais.