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People go but how they left always stays | Grace
Keith Turner
Keith Turner
• Habitant de Seattle
✗ MIROIR : Austin
✗ CÉLÉBRITÉ : Stephen James
✗ MESSAGES : 91
✗ PHOTO D'IDENTITÉ : People go but how they left always stays | Grace 0TDKb3q
✗ ÂGE : 30
✗ WORK : Au chômage
✗ ETAT CIVIL : Célibataire
✗ ORIENTATION SEXUELLE : Hétéro
People go but how they left always stays

Le regard perdu vers le ciel, Keith poussa un soupir. Plus de trois ans qu’il n’avait pas pu venir se recueillir sur la tombe de sa mère, trois sur les onze où elle avait été arrachée à cette terre. Ca lui avait manqué, à Keith, d’avoir un endroit où il pouvait se sentir un peu plus proche d’elle, ne serait-ce qu'un instant. On ne se recueille pas, en prison. On essaie de faire abstraction du silence qui ne se fait jamais et on se mure de pensées tout aussi prisonnières que soi, mais l'introspection ne va jamais plus loin pour ne pas risquer de sombrer dans la folie. S’il savait qu’il y avait déjà peu de chances qu’elle l’entende quand il s’adressait à elle au pied de sa tombe, elles étaient nulles dans le vacarme permanent de la prison, il en avait la certitude. Une âme aussi belle que celle de maman n’avait rien à faire là-bas.

Oui, trois ans qu’il aurait donné beaucoup pour venir alléger son coeur sur sa tombe, et pourtant, maintenant qu’il y était, il ne savait pas quoi lui dire. Que racontait-on à sa mère quand on sortait de prison ? Quand on avait été assez con pour avoir un point commun supplémentaire avec son meurtrier ?
On ne disait rien. On s’asseyait contre le marbre froid de sa pierre tombale, on allumait une clope, la première après trois ans d’abstinence, et on mesurait en silence le vide vertigineux que l’être aimé avait laissé en partant. Ça n'était pas plus facile. On aurait pu le croire, en onze ans - mais ça n'était pas le cas. Peut être qu'au fond, le deuil d'une mère ne se fait jamais vraiment.

Poussant un soupir, Keith finit par se relever. Ça ne rimait à rien, il n’y arrivait pas. Autant partir et réessayer de se recueillir un autre jour, quand son esprit serait moins embrouillé, son moral moins bas. Il épousseta son jean troué, puis se pencha pour placer délicatement la fleur qu’il avait cueillie en équilibre sur la pierre tombale. Il avait voulu acheter un bouquet en venant, avant de découvrir que des putains de végétaux coupés coûtaient sacrément cher ; alors il avait fini par en arracher une parmi les rares survivantes dans l’un des baquets de fleurs de la ville. Il était mal élevé, mais pas au point d’aller rendre visite à sa mère les mains vides.
Il se retourna pour partir… et tomba nez à nez avec un visage familier. « Grace ? » Elle avait changé - en sept ans sans se voir, le contraire aurait été étonnant -, mais il l’aurait reconnu entre milles. Là où la nature avait eu le mauvais goût de faire ressembler Keith trait pour trait à leur père, les tatouages et les cheveux en moins, Grace avait tout pris ou presque de leur mère. Les années semblaient avoir accentué cette caractéristique, au point d'en devenir troublant.
Le jeune homme resta un instant planté là, comme un con, la dévisageant sans savoir quoi dire. Au moins sept ans qu'ils ne s'étaient pas vus ; sept ans qu'il fuyait sa culpabilité et tout ce qui pouvait la réveiller comme la peste. Et ce n'était pas que dans sa tête, il le savait, elle lui en voulait aussi - sinon elle serait venue le voir en prison, lui aurait écrit, n'importe quoi pour prouver que la vie ou la mort de son frère aîné ne la rendait pas totalement indifférente.
Ça l'avait blessé, bien sûr, mais ce n'était pas comme s'il avait fait quoi que ce soit pour que leur relation survive à leur drame, bien avant ça. C'en était au point où il n'avait plus son numéro, plus d'adresse, plus rien pour la joindre. S'il voulait reprendre contact, c'était maintenant ou jamais. Il fallait qu'il dise quelque chose, n'importe quoi qui l'empêcherait de filer comme ça. « Wow t'as grandit, tu fais quoi… au moins un mètre cinquante-cinq non ? » balbutia-t-il, frottant nerveusement sa tempe rasée.
Une chance, une seule en sept ans de reprendre contact avec la plus âgée de ses sœurs, et voilà tout ce qu'il trouvait à dire. Crétin.


Made by Neon Demon
Mar 5 Jan - 20:15
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