Allongée sur le canapé, observant ce plafond bien trop blanc à mon goût, j’essayais de me remettre de cette séance de sport, que je n’avais même pas réussi à terminer, ce n’était certainement pas de cette manière que j’allais réussir à avoir un corps de rêve, surtout pas en mangeant des donuts et autres cochonneries à longueur de journée. Tournant la tête vers la grosse horloge du salon, il n’était même pas 14 h, mon coloc ne rentrait pas avant ce soir, mon ennui n’allait faire qu’augmenter et à force de soupirer je pourrais bientôt être en partenariat avec une succursale d’énergie pour Seattle. Poussant un énième soupir, j’attrape mon portable qui était à la limite du suicide sur la petite table basse, répondant à un SMS, avec nonchalance, un simple ok comme réponse, acceptant la course que je devais faire. Me faisant la promesse qu’un jour, je m’en sortirais sans ça. Attrapant une veste, je sortais de l’appartement en claquant la porte.

Sur le chemin, je répondais à mon frère qui s'inquiétait de plus en plus pour moi, ne pouvant pas lui dire que je n’étais plus avec Percy parce que ce dernier m’avait lâchement abandonné à Seattle et encore moins lui annonçait que désormais, je vendais de la drogue pour m’en sortir, maudissant toutes les mauvaises personnes qui avaient croisé mon chemin, ces soirées à trop boire et finir dans le lit d’un inconnu tout en partant à la hâte le lendemain, espérant ne plus jamais croiser leur regard dans un autre bar, j’étais en train de devenir une personne que je détestais; ne pouvant même plus me regarder dans un miroir tant j’avais honte de moi. Je blâmais Percy pour m’avoir abandonné, mais je n’avais rien fait pour le retrouver, je n’avais pas cherché à trouver un travail convenable, je n’avais rien fait, j’aurais même pu mourir dans un caniveau que cela n’aurait dérangé personne. Essuyant une larme qui menaçait de couler, je m’approchais dangereusement du lieu de rendez-vous et pour la première fois, j’avais la boule au ventre sans même comprendre pourquoi, comme si mon corps me hurlait de faire chemin arrière, de ne pas continuer sur ce trajet-là, de partir en courant, mais mon esprit était bien trop contradictoire.

Une main dans les airs m’indiqua la position de ma livraison. Je n’avais qu’à déposer la livraison, prendre l’argent, donné la moitié à Marion et repartir chez moi, au chaud, où j’aurais mieux fait de rester aujourd’hui. Posant mes fesses sur la chaise en face d’elle, observant son sourire qui sonnait faux et un rire gronda au fond de ma gorge. « Facile à dire quand on a une belle vie. » Arquant un sourcil, je l’observais de haut en bas. Pourquoi ce sont toujours les personnes ayant toujours tout eu qui viennent faire des réflexions de ce genre ? Je ne comprendrai jamais ce sentiment héroïque qu’ils avaient. « Je veux juste garder la tête hors de l’eau. » Il était hors de question que je touche à cette merde que je livrais, les gardant généralement dans un coin de l’appart, cachée sous une planche du faux plafond de ma chambre.

@Athéna Jones & Olympe

La jeune femme qui se trouvait en face de moi, commença à éclater de rire, sans réellement comprendre pourquoi, je me reculais dans ma chaise, comme si cette distance allait me protéger de sa folie, je n’avais pourtant rien dit de bien drôle, voir même pas du tout, je commençais à me demander si ce n’était pas une mauvaise blague de l’un des autres dealers, c’était bien leur genre de me faire perdre mon temps, tout ça pour avoir plus de livraisons entre-temps, comme si ça m’importait quelque chose, j’aurais plus de temps pour dormir, en boule sur le canapé; avant que mon coloc ne vienne me déranger. Cependant, son petit résumé de son enfance, les choses qu’elle avait vécues, tout ça me percutait un peu, pourquoi elle me racontait tout ça ? Elle était vraiment là pour la livraison ou avait-elle simplement besoin de parler ? « Oh Princesse, j'suis pas psychologue moi...» J’étais sèche, parce que je n’avais personne pour m’aider, il était parti en me laissant comme une vieille merde, dans un coin de Seattle. Peut-être avait-il espéré que je meurs dans un coin, sans qu’on me retrouve, mais malheureusement pour lui, j'étais pire que la syphilis.

Un serveur sortit de nulle part apparu entre nous, déposant un café fumant, c’était mon échappatoire, j’aurais pu partir en courant à cet instant, je sentais que je n’étais pas en posture de faire face à la dame, mais quelque chose me retint, sans expliquer pourquoi, je me retrouvais encore devant elle, mon cul posé sur cette chaise bien trop inconfortable. Des rêves ? C’était à mon tour d’éclater de rire, essuyant une larme imaginaire, je reprends mon sérieux bien trop vite. « Je vole des livres d’astronomie à la bibliothèque de l’université et j’m’invente une vie étudiante… » Je voulais simplement voir ce que ça faisait, d’être entouré d’amis, de gens qui ont conscience de votre existence, observer ces jeunes de mon âge, qui peuvent vivre une vie normale sans avoir peur de crever le lendemain. J’étais seule, je m’étais fait à l’idée, mais qui n’a jamais rêvé d’être entourée de sourires, de rire et de joie, d’amis et de faire la fête sans penser au lendemain. J’entendais tous les jours des jeunes se plaindre de leurs cours, mais s’ils savaient comme je rêverais d’être à leur place, m'asseoir sur ses bancs et écouter un prof nous parler d’un sujet qui nous passionne, nous fait rêver et nous donne envie d’en savoir plus.  Je me demandais bien pourquoi elle me posait toutes ses questions, généralement je récupère l’argent et rentre chez moi, en m’arrêtant acheter un sandwich, petite récompense pour avoir fait le chemin, à pied général, hors de question de prendre le bus avec tous ses tarés que l’on croise en ce moment. Tapotant la table avec mes doigts, je commençais à m’impatienter, la fixant droit dans les yeux tout en me mordillant l’intérieur de la joue. « Pourquoi tu m'poses toutes ces questions ? » Arquant un sourcil, j’observais autour de moi, espérant trouver une sortie de secours si elle décidait de s’en prendre à moi, me demandant si j'allais réussir à courir plus vite qu’elle.

@Athéna Jones & Olympe

Ce dossier sur cette petite table, ce petit coup de pression que je venais de recevoir me faisait le même effet qu’un coup de poing dans l’estomac. Je me voyais déjà aller en prison, avec cet horrible accoutrement orange, même si je supposais avoir regardé trop de série de ces types et je me voyais mal mettre mon colocataire dans la galère à cause de moi, lui qui était si doux et attentif avec moi et il y avait Percy, qu’est-ce qu’il penserait de moi s’il n'apprenait pas je ne sais quel miracle que j’étais derrière les barreaux, parce que de toute évidence, je n’aurais pas assez de sous pour me sortir de là-bas et je me ferais bouffer en une demi-journée. Mordant ma lèvre pour retenir les larmes qui menaçaient de couler, je trituraient les peaux autour de mes ongles, n’osant même pas relevais la tête, n’ayant même plus la force de me battre. La balle n’était pas dans mon camp comme elle le disait, je n’avais aucun autre objectif, j’avais des rêves, mais pas assez de moyen pour les atteindre.

« Et tu veux que j’fasse quoi ? Je ne connais rien de cette ville, on m’a seulement traîné ici, puis abandonné. J’ai rien à faire ici. » La vérité me sautait au visage, je ferais sûrement mieux de retourner chez moi, affronter mon père serait sûrement moins difficile que d’essayer de survivre ici, attendant un miracle. « Vendre cette merde, c’est pas mon plus grand rêve, ça c’est certain, mais j'suis bonne à rien d’autre. » Je m’étais toujours convaincue que c’était le cas, alors qu'à l'école, je faisais partie des meilleurs, mais j’avais laissé tomber tout ça pour sa pauvre petite gueule à lui, comme quoi, l’amour peut vraiment vous rendre idiots et aveugles. « Tu m'proposes quoi ? » J’étais prête à entendre ce qu’elle avait à me proposer, changeant mon état d’esprit comme si cinq secondes avant, je n’étais pas au bord de l’effondrement, mais je voyais ça comme une porte de sortie, un moyen de sortir la tête hors de l’eau.

Au fond de moi, je savais que j’avais simplement besoin d’aide, ce petit soutient que j’avais perdu après la disparition de Percy, parce qu’il m’avait aidé dans beaucoup de choses depuis notre rencontre, il m’avait montré la beauté du monde, des autres, que j’étais capable de faire confiance et d’aimer de nouveau. Il m’a donné envie d’y croire et aujourd’hui j’avais besoin de ça, j’avais besoin de cette lueur d’espoir, de croire que je pouvais avancer moi aussi, avoir la vie dont j’avais toujours rêvé, reprendre des études, poursuivre dans la voie de l’astronomie, me perdre dans mes étoiles.

@Athéna Jones & Olympe