✗ WORK : Directeur et héritier de l'entreprise de joaillerie de luxe "Richardson"
✗ ETAT CIVIL : Divorcé
✗ ORIENTATION SEXUELLE : Hétérosexuel
A new jacket with a new friend
« Bien, sur ce, je vous souhaite un bon week-end à tous. »
J’éteignais le projecteur à l’aide de la télécommande puis je rassemblais mes dossiers.
« Excusez-moi mais Madame Wainford est arrivée. »
J’hochais la tête à la déclaration de ma nouvelle assistante qui ne semblait pas encore très à l’aise avec moi. Rien d’inhabituel en somme, mes assistantes ne restaient jamais bien longtemps. Certes, le salaire que je proposais était attractif mais la dose de travail allait de pair. Quand bien même elles le savaient lors de l’entretien, elles acceptaient toutes le poste pour finalement l’abandonner un mois plus tard. C’était à peine si je me forçais à retenir leur prénom à présent. Un regard sur ma montre me fit grimacer, la réunion avait vingt minutes de retard. Autant je ne me souciais guère de faire patienter certains collaborateurs, autant je n’aimais pas faire poireauter ma couturière qui avait déjà l’aimable courtoisie de se déplacer jusqu’ici plutôt que de me faire venir dans son atelier.
« Je veux ce compte-rendu pour lundi à la première heure. » Assenais-je à mon assistante qui s’empressait d’acquiescer.
Il fallait dire que c’était assez rare que je ne le lui demande pas pour le soir-même. Cela dit, la migraine qui pointait le bout de son nez me laissait présager que je ne resterais probablement pas très tard moi non plus. Enfin, nonobstant le fait qu’il était déjà près de 19h30… Nous rejoignîmes ensemble le petit salon aménagé devant mon bureau et la jeune femme ne demanda pas son reste. Je grommelais dans ma barbe. Celle-ci non plus n’allait probablement pas rester très longtemps dans mes locaux. Je levais finalement les yeux et j’avançais de quelques pas devant ma dernière collaboratrice de la soirée :
« Bonsoir. Je suis désolé, la réunion a pris du retard et je le suis d’autant plus que je t’ai faite déplacer bien tard. »
Je lui désignais mon bureau d’un geste et je passais devant pour l’accueillir à l’intérieur.
« Tu veux quelque chose à boire ? » Offrais-je.
Je me dirigeais automatiquement vers le mini-bar pour sortir une bouteille de bourbon. Fichu mal de crâne ! En levant les yeux vers elle, j’esquissais un sourire :
« Je n’ai pas que ça à te proposer, dis-moi ce qui te ferait envie. »
ϟLa journée avait été relativement longue et je fermais la porte de mon atelier derrière mon dernier client de la journée, enfin presque, je devais encore me rendre à la société Richardson. Un mal pour un bien, il savait exactement ce qu'il voulait ou ne voulait pas, le rendez-vous serait alors d'une rapidité sans nom. J'étais épuisée et un petit coup sur le nez ne serait pas un luxe, au moins pour faire bonne impression et pour éviter que les gens ne me prennent en pitié dans la rue. Rassemblant mes dernières affaires et prenant de quoi noter les recommandations de Nate, j'éteignais enfin les lumières et sifflait un taxi. Assise confortablement à l'arrière, je sortais mon poudrier, même si ce n'était absolument pas mon genre de faire la coquette, je me rendais tout de même chez l'un de mes plus gros clients, qui plus est, celui qui m'avait lancé dans ce monde de requin. « Un rendez-vous galant ma chère ? » Les paroles du chauffeur me sortirent de ma petite rêverie et je pouffais de rire à ce qu'il venait de dire, mais ne pris pas la peine de répondre, le laissant alors s'imaginer des choses, ma parole, un rendez-vous avec Nate Richardson qu'est-ce qu'il ne fallait pas entendre.
Les lumières de Seattle défilaient devant mes yeux enfantins, face à ce spectacle dont je ne me lasserais certainement jamais. Ma fascination fut écourtée par mon arrivée devant la société, sortant du taxi avec mon sac rempli d'accessoires en tout genre, je me rendais à la réception pour m'annoncer. « Il est encore en réunion, je vous laisse patienter, ça ne devrait plus être long. » Acquiesçant d'un mouvement de tête, suivie d'un sourire chaleureux pour cette assistante qui changeait bien trop souvent, je patientais dans le couloir, ne souhaitant pas m'asseoir, préférant de loin observer la vue par l'une des nombreuses fenêtres, encore et toujours ces petites lumières. Entendant les talons de l'assistance revenir du bureau de son patron, je me retournais pour me retrouver face à lui et le suivre dans son bureau en l'écoutant s'excuser d'une chose que je pouvais totalement comprendre. « Ne t'excuse pas, j'ai fini tard également, un client totalement perdu. » Il aurait été très déplacé de ma part de rajouter que j'aimerais qu'ils soient tous comme lui, à savoir exactement ce qu'ils veulent. Me proposant quelque chose à boire tout en sortant une bien belle bouteille de bourbon, je me voyais mal refuser un alcool aussi délicat et subtil que celui-là. « Tu me prends par les sentiments en me proposant ce genre de petite délicatesse. » Toujours accompagnée de mon petit sourire en coin, répondant au sien.
Acceptant donc un verre que je devais absolument boire doucement pour ne pas finir complètement ivre en dansant sur le bureau, j'observais en direction de la sortie pour être sûre que personne ne pourrait entendre. « Elle est arrivée il y a longtemps cette nouvelle assistante ? » Amusée de voir qu'elles ne faisaient pas plus d'un mois, pour les plus téméraires, je m'amusais, seule, à deviner combien de temps les suivantes pouvaient tenir. « Tu sais que ce n'est pas un verre qui va faire passer ton mal de crâne… » Si seulement c'était la recette miracle. « Mais au moins ça soulage. » Croisant les bras sous ma poitrine pouvant ainsi calé ma tête contre mon poing, je l'observais servir nos verres, espérant qu'il n'oublie pas que je suis une femme et menue en plus de ça.
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J’esquissais un sourire à la réponse de mon interlocutrice. Pour être franc, je ne l’imaginais pas vraiment boire du whisky et je me félicitais intérieurement de ne pas l’avoir vexée en lui proposant du thé ou quelque chose de moins fort. C’était sans doute une réflexion un peu macho mais j’avais sauté à cette conclusion en voyant son corps si délicat et féminin qui ne m’aurait jamais laissé penser à ce genre de réponse. Je sortais alors deux verres tandis qu’elle me questionnait sur mon assistante actuelle.
« Une semaine, peut-être deux… » Je grimaçais. « Si je n’ai pas sa lettre de démission lundi, ce sera déjà un exploit. »
Je soupirais d’un air dépité. Il suffisait de voir la tête d’Orion pour savoir que cette situation l’amusait. Il était vrai qu’elle n’avait jamais affaire avec la même personne lorsqu’elle venait jusqu’ici. Je ne pouvais donc pas lui en vouloir sur ce point. Je remplissais nos verres en prenant soin d’en mettre un peu moins dans le sien. Encore une fois, je ne pensais pas à mal mais nos carrures restaient totalement différentes, c’était un fait. Je la rejoignais ensuite pour lui tendre son verre avant de prendre place sur le canapé face à elle.
« Si jamais tu entends parler de quelqu’un de professionnel et qui a suffisamment de courage pour abattre un boulot monstre en peu de temps… Fais-moi signe, je suis preneur ! »
Parce que mine de rien, ces entretiens d’embauche mensuels me fatiguaient. Sans compter qu’il fallait tout réapprendre à la nouvelle recrue sans arrêt… J’avais fini par demander à ce que mes assistantes préparent un dossier d’arrivée dans l’entreprise. J’avais déjà suffisamment à faire pour ne pas, en plus, devoir former sans arrêt. Je soupirais une nouvelle fois avant de boire une gorgée de bourbon. Les yeux clos et la tête légèrement en arrière, je savourais les effluves de cet alcool que j’appréciais tant. Je pouvais presque pousser un soupir d’aise tellement je me sentais apaisé en cet instant. Je rouvrais néanmoins les yeux pour faire face à Orion :
« Je suis désolé, la journée a été longue. »
J’étais surpris qu’elle ait remarqué ma migraine, sans doute avais-je beaucoup grimacé ou bien je devais mettre ça sur le compte de nos quelques années de collaboration. Il fallait dire qu’elle ne m’avait pas toujours vu au mieux de ma forme non plus. Je me penchais un peu en avant avec un sourire en coin :
« Disons que c’est une sorte récompense pour les jours difficiles. » susurrais-je sur le ton de la confidence.
Je n’étais pas alcoolique, loin de là, mais j’affectionnais particulièrement cet alcool. Je le sortais pour les grandes occasions ou, comme je venais de le lui dire, pour m’offrir un petit plaisir en cas de besoin. Je posais mon verre sur la table basse et je me frottais les mains tel un gamin prêt à ouvrir ses cadeaux :
« Alors, que m’as-tu apporté aujourd’hui ? Par quoi on commence ? » Demandais-je avec bonne humeur.
ϟL'écoutant parlait de son assistance, tout du moins ce qu'il en restait, un sourire forçait le passage pour arriver jusqu'aux oreilles, je dus me mordre l'intérieur de la joue pour me retenir, j'avais beau le connaître depuis un certain temps maintenant, lui éclater de rire sous le nez ne serait certainement pas la chose la plus polie que je puisse faire, mais tout de même, c'était tentant. Tout en observant nos verres se remplir, l'envie de lui faire la remarque sur la quantité du mien comparé au siens, me chatouillait le bout de la langue, mais dans un sens, il ne fallait mieux pas que je tente le diable, je ne buvais que très rarement et ne savait jamais comment mon corps réagissait à la quantité que je lui offrais, surtout que je n'avais rien dans le ventre, pas très malin de ma part, j'aurais peut-être dû prendre une petite friandise sur le chemin. « Désolée mon cercle d'amis est vraiment très restreint. » Voir inexistant, entre ma voisine et …. Nate, je n'avais personne, la plupart de mes contacts étaient avec ma famille en Australie et deux trois amis avec qui j'échange des messages de temps à autre, mais il n'était pas obligé de le savoir, je forçais un sourire, les mauvais souvenirs remontaient bien trop vite à la surface malgré le temps qui nous séparait.
Le voyant assit sur le canapé, je ne savais pas trop si je pouvais le rejoindre, habituellement, je m'installais directement sans chercher à comprendre, mais au lieu de faire la mystérieuse ce soir, je ne réfléchis pas bien longtemps et m'installa en face de lui, de telle sorte à ne pas être trop proche, adossé à l'accoudoir du canapé bien trop confortable à mon goût, je replaçais le bas de ma jupe après avoir croisé les jambes, évitant tout contact visuel avec mes parties intimes. Buvant quelques gorgées de mon verre, m'arrachant les papilles aux passages, j'observais l'homme en face de moi, le bel homme devrais-je préciser, me mettant à sourire sans raison, remettant bien vite mes esprits en place lorsque son regard s'accrocha de nouveau au mien, tout en s'excusant. Secouant la tête en fronçant les sourcils « Pourquoi t'excuser d'être fatigué à la fin d'une journée de travail ? Encore moins avec une entreprise comme la tienne. » L'alcool devait déjà commencé à faire son petit effet, ou tout simplement mon estomac vide, je penchais d'ailleurs plus pour cette option, n'avouant jamais, au grand jamais que l'alcool me faisait tourner bien vite la tête.
« Tu as raison de te récompenser, lorsque l'on voit où tu mènes cette entreprise, tu as de quoi être fier. » Parlant avec une voix bien trop enthousiaste pour le petit bout de femme que j'étais, je me raclais la gorge, feignant de n'avoir pu contrôler mes cordes vocales, ce qui n'était pas totalement faux d'ailleurs. Le voyant soudain s'affoler comme un jour d'anniversaire, j'éclatais de rire, sans même pouvoir le contrôler, laissant couler quelques larmes. « Désolée, mais tu aurais dû voir ta tête ! » Me mordant la lèvre inférieure pour éviter une nouvelle vague de fou rire, je reprenais mon calme doucement, au grand damne l'alcool, plus jamais !
Après une petite pause et mon souffle revenu, je prenais le sac qui m'accompagnait lors de mes rendez-vous professionnel, sortant mon cahier d'esquisses et lui montrer alors quelques projets de veste de costume que j'avais élaboré. « Ce n'est encore qu'une ébauche, mais je me suis dit que ce style pourrait t'aller et changerait… » M'arrêtant net dans ma phrase, me rendant compte que mes paroles pouvaient passer pour un jugement. « Non pas que ton style actuel ne t'aille pas, loin de là… » Stop Orion, arrête tu t'enfonces encore plus dans tes paroles. Secouant discrètement la tête en signe de désapprobation envers moi-même, je reprenais de plus belle en réfléchissant à chaque mot qui allait sortir de cette foutue bouche. « Donc, un style différent, au lieu de partir sur un style anglais qui met les épaules en valeurs, je suis partie sur de l'Italien. Il épouse beaucoup plus la forme du torse, autant les épaules que la taille, donnant donc une forme de V. » Mimant la lettre comme s'il n'était pas capable de se l'imaginer, je tournais le schéma dans sa direction tout en posant une main sur le carnet et l'autre à coter de moi sur le canapé, me penchant légèrement en tournant la tête ainsi que mon regard dans sa direction. « Si ça ne te plait pas, je peux recommencer. » Me mordillant la lèvre inférieure dans l'attente d'une réponse de sa part.
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« Tant pis mais si jamais tu entends parler d’une personne de ce genre un jour, n’hésite pas à m’appeler. » Déclarais-je en haussant les épaules.
Je pouvais tout aussi bien faire appel à un chasseur de tête. Il fallait dire que je n’avais pas vraiment le temps de me pencher sur les cv, ce qui expliquait pourquoi j’étais aussi souvent amené à le faire d’ailleurs. Pourtant elles sortaient toutes de bonnes écoles ou avec d’excellentes notes. La partie qui devait le plus les rebuter concernait avec certitude le temps de travail qui dépassait très largement les horaires de bureau. Je ne pu m’empêcher d’esquisser un sourire en regardant Orion boire une gorgée de son verre. La grimace qu’elle tentait de masquer ne m’avait pas non plus échappée. Avais-je eu raison de croire qu’il ne s’agissait pas de sa boisson favorite finalement ? Je profitais de ce léger moment de détente pour m’enfoncer un peu plus confortablement dans le canapé. Ses compliments étaient flatteurs mais je ne pouvais m’empêcher de me dire qu’ils ne m’étaient pas réellement destinés :
« Je n’ai rien fait d’extraordinaire pour l’instant, je me contente de suivre la vague et de tâcher de prendre les bonnes décisions. Toute cette réussite, je la dois principalement à mon grand-père et à mes aïeux. »
Il n’y avait aucune fausse modestie dans mes paroles, j’étais on ne pouvait plus sincère.
« Mais, merci. »
Je lui souriais avec chaleur en me rappelant à quel point je m’étais battu pour ne pas que les investisseurs et les différents salariés de cette entreprise ne puissent penser que je prenais ce poste pour acquis. Certes il s’agissait d’une société familiale dont j’étais fier mais mes résultats, je les avais obtenus à la sueur de mon front et non en demandant à quelqu’un d’autre de le faire à ma place. Je n’étais pas le type d’homme à me reposer sur mes lauriers et ça, tout le monde pouvait en attester. On pouvait dire que c’était ma fierté ? Je me reconcentrais sur mon interlocutrice en m’émerveillant d’avance de ce qu’elle allait me proposer. Ma réaction la fit rire plus que je n’aurais pu l’imaginer et je ne pu m’empêcher de rire avec elle :
« Ce n’est pas de ma faute si j’aime ce que tu me proposes à chaque fois ! »
Parce que si je l’avais choisie elle pour tailler mes costumes importants voire même de la vie de tous les jours, c’était parce qu’elle avait du talent. Un talent que je voulais mettre en avant et qui avait porté ses fruits. Elle avait les compétences et j’avais les relations, c’était du donnant-donnant.
« J’espère que tu auras toujours du temps pour moi malgré ton nouveau carnet d’adresse ! »
Je l’observais avec une lueur malicieuse tout en buvant une nouvelle gorgée de whisky. Oui, il s’agissait bien d’un compliment mêlé à de l’autosatisfaction mais j’adorais la taquiner. Elle était la seule avec qui je me permettais de le faire, allez savoir pourquoi. Peut-être cet air candide qu’elle dégageait malgré son grand professionnalisme ? Je me penchais ensuite sur ses dessins et je continuais sur ma lancée :
« Oh, donc je m’habille mal ? »
La pauvre ne savait plus où se mettre. Je n’avais pas l’intention de réellement la mettre mal à l’aise, aussi j’éclatais de rire en l’écoutant se débattre avec ses propres paroles. Je posais une nouvelle fois mon verre pour récupérer son carnet et l’observer de plus près.
« C’est une très bonne idée, j’aime bien ce nouveau style, plus… moderne. »
J’échangeais un regard taquin avec elle avant de lui rendre son bien.
« Tu pensais à quel style de tissu ? J’ai oublié de te le préciser mais nous partirons sur du diamant rouge pour notre prochaine collection, si ça peut t’aiguiller. »
J’attrapais mon téléphone portable et je pianotais dessus pour regarder mon calendrier à venir.
« La soirée de lancement aura lieu à la fin mai, la date n’a pas encore été arrêtée mais je te tiendrais informée dès que ce sera le cas. »
ϟEssayant tant bien que mal de reprendre mes esprits et calmer ce petit cœur battant bien trop fort, les paroles de ce très cher Nate n'aidait en rien. Faisant semblant de lui boudée, je reprenais mon verre en main pour boire quelques gorgées de ce délicat nectar, laissant le liquide s'écoulait et réchauffait mes joues déjà bien en feu. Cette situation m'avait assoiffée et n'ayant rien d'autres sous la main, je me voyais résigner à boire de l'alcool, cumulait à ma fatigue, ça n'annonçait rien de bon. Étant troublée par ce petit regard qu'il venait de me lancer à la suite de son compliment, je restais à le fixer, sans faire attention à toutes ses informations qu'il était en train de me donner. Essayant de reprendre mes esprits tant bien que mal, je me redressais, reprenant une posture bien plus professionnelle. « Concernant le tissu, je pensais à un mélange de coton et de soie, ce dernier apportant un coter brillant au costume. » Concernant la couleur, je me voyais mal lui proposer de se balader en costume rouge ou grenat, je faisais fonctionner mes méninges tant bien que mal. « Pourquoi pas un joli gris accompagné d'une cravate rouge ou grenat ? » En voilà une bonne idée, tu vois quand tu veux ma cocotte. «Concernant ta place dans mon agenda, elle t'es toujours réservée voyons.» Arquant le sourcil en signe de défi, je ne savais trop définir cette sensation que je ressentais en sa présence, bien que s'apparentant fortement à de l'amitié, il y avait bien longtemps que je n'avais pas vécu cela.
« Fin mai ? C'est parfait, j'aurais le temps de reprendre des mesures exactes et ajuster le costume en fonction de ton avis. » Un bon mois était largement suffisant même en cas d'imprévu. Observant mon verre installé confortablement entre mes deux petites mains, son contenu m'intrigua, non pas par la couleur, mais plutôt par son absence. Avais-je réellement bu aussi vite que ça ? Je devrais sérieusement penser à prendre un thermos de thé avec moi pour la journée, ça m'éviterait ce genre de désagrément. Mon estomac ne réclamait même pas de nourriture, tu m'étonnes, il est gorgé d'alcool. J'avais à la fois ce sentiment de gêne d'avoir autant bu pendant un rendez-vous, mais également cette irrésistible envie d'éclater de rire, je mordillais ma lèvre pour me retenir, posant délicatement le verre sur la table basse en face de nous, j'essayais de détourner l'attention de Nate de ce bel objet. « De plus, ta cavalière pourra se vêtir d'une robe de la même couleur que ta cravate. » Un parfait petit couple. J'enviais toujours ce genre de moment, ces instants ou l'accord parfait de deux êtres, sous la pluie de photographe, les rendaient inoubliables, uniques.
La brûlure au fond de ma gorge se faisait de plus en plus violente, comment peut-on appréciait de boire une telle chose ? Je n'ai certes pas l'habitude de boire de l'alcool, mais lorsque c'est le cas, j'apprécie un bon whisky ou un bon vin, mais c'est relativement moins fort, alors pourquoi ce soir je suis totalement déjantée au fin fond de mon âme ? « Tu ne vas pas me dire qu'à chaque gorgée tu ne perds pas la moitié de ton œsophage ? » Était-ce réellement sorti à voix haute ? Moi qui souhaitais être professionnelle, je m'en éloignée au fur et à mesure que des mots sortaient de ma bouche. Dorénavant, je ne parlerais que pour lui répondre, ça m'évitera bien des malheurs.
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J’écoutais attentivement Orion me donner son avis sur mon prochain costume. Je tâchais alors d’imaginer le rendu tout en me grattant la barbe d’une main, pensif.
« Pourquoi pas, tu penses que ça ira le gris pour l’été ? »
J’étais loin d’être un professionnel dans le domaine mais je restais perfectionniste, aussi je préférais avoir la réponse avisée de ma couturière. J’imaginais bien qu’elle ne me proposait pas n’importe quoi pour autant.
« Je te confierais mes boutons de manchettes dès que je les aurais. Ils seront rouges, bien évidemment, et issus de la nouvelle collection. »
Je lui souriais en coin avant d’attraper mon téléphone pour m’assurer des dates et les lui donner. Dates qui semblaient parfaitement lui aller. En général, j’étais toujours organisé mais il était vrai que j’avais tendance à oublier que je n’étais plus le seul à lui passer commande. Sans doute avait-elle des délais plus longs depuis que sa clientèle avait augmentée. C’était la raison pour laquelle je m’efforçais désormais de prévoir mes costumes avec au moins un bon mois d’avance. Elle avait beau m’assurer toujours avoir du temps pour moi, je ne voulais pas compromettre sa carrière par pur égoïsme. C’était probablement la seule collaboratrice dont je me souciais… Je récupérais mon verre pour savourer une autre gorgée avant de presque m’étouffer à la déclaration de la rousse. Une cavalière, hein ? Cela faisait presque deux ans que j’étais divorcé et que je n’avais plus commandé de robe de soirée à Orion. Sauf peut-être une de temps en temps pour ma grand-mère mais cette-dernière et mon ex-femme n’avaient pas du tout le même style, sans parler des mensurations… La rousse s’en était-elle aperçue ? C’était certain. Avait-elle songé que je fréquentais une femme plus mûre ? J’étouffais un rire tandis que je finissais mon verre pour le poser à côté du sien.
« Ce n’est pas encore décidé. Combien de temps te faudrait-il pour concevoir une robe au dernier moment et à la hauteur de tes talents ? »
Je la fixais du regard, un sourire amusé plaqué sur mes lèvres. Et maintenant, qu’allait-elle encore penser ? Hormis mon ex-femme et ma grand-mère, je n’avais jamais emmené aucune femme en tant que cavalière lors des soirées mondaines auxquelles je participais, que ça soit pour mon entreprise comme pour une société extérieure. De plus, ma grand-mère n’assistait à ces soirées que rarement et y était toujours accompagnée de mon grand-père, naturellement. J’observais son verre vide à l’instant même où Orion se souciait du degré d’alcool de ce qu’elle avait bu. Cette fois-ci, j’éclatais de rire franchement. Cette femme avait vraiment le don de me mettre d’excellente humeur.
« Non, c’est réellement un alcool que j’apprécie mais ce n’est pas ton cas, n’est-ce pas ? Pourquoi ne pas m’avoir demandé autre chose ? »
Je me relevais alors pour récupérer nos verres et les déposer sur le mini-bar. Je sortais ensuite une petite bouteille d’eau pour en verser son contenu dans un verre propre avant de rejoindre les canapés pour le lui tendre :
« Bois, cela te fera du bien. » Souriais-je.
J’avais remarqué que ses joues avaient rosies et qu’elle était un peu plus joyeuse qu’à l’accoutumée. Rien de très flagrant quand il s’agissait d’une jeune femme avenante en temps normal mais cela chasserait au moins le goût du bourbon. Je restais debout à côté d’elle tout en tendant la bouteille d’eau pour doucement la cogner contre son verre :
« Trinquons à cette interminable journée productive. »
Après tout, un peu d’eau ne me ferait pas de mal non plus.
ϟCe verre me donnait de plus en plus chauds, en espérant que mes joues ne soient pas déjà toutes rouges, je réservais ce moment lorsque je serais dans ma salle de bain, à m'observer dans le miroir tout en me demandant comment j'ai pu en arriver là et remettre toute ma vie en question, ou alors je ne ferais absolument pas attention à l'état dans lequel je suis et je finirais par chanter sous le jet d'eau chaude… M'enfin passons, l'heure n'était pas à la trempette, j'étais en réunion professionnelle, avec un verre d'alcool certes, mais réunion quand même, je penserais à mon repas et mon bain plus tard. Attirée par la voix de mon interlocuteur, je tournais doucement la tête vers lui, évitant de remuer mes méninges embuées. « Hum, je te propose un gris clair. Cela ira très bien tu verras. Sinon, on peut carrément… » Petit instant de pause pour réfléchir à ce que je viens de dire, l'air bien trop songeur. « Est-ce que je viens vraiment de te dire carrément ? » Secouant la tête en signe de désapprobation totale envers moi-même, je défroissais des plis imaginaires sur le bas de ma jupe tout en essayant de reprendre une contenance professionnelle, si j'en étais encore capable. « Donc je disais, on peut partir sur du gris clair pour le costume, la cravate bordeaux en soie qui rappelle le brillant du diamant et des boutons de manchettes assortis mais relativement discret. » Je visualisais le costume dans ma tête tout en lui expliquant chaque petit détail. Je serais capable de m'y atteler ce soir, mais je doute que mes mains n'écoutent mes ordres.
Tout en lui demandant si je devais prévoir une robe pour accompagner le tout, je regardais vers sa main, en me souvenant, trop tard, qu'il n'était plus marié. Nous n'en avions jamais discuté, ça n'aurait rien à faire dans une de nos conversations et nos vies personnelles n'intéressaient aucun de nous deux, bien que je n'ai que les mésaventures avec mon chien à raconter. Je le regardais manquer de s'étouffer, voilà une nouvelle chose, je ne serais certainement pas en état de faire de la réanimation là. M'installant plus confortablement sur le canapé tout en basculant la tête en arrière pour observer le plafond, je réfléchissais à sa question, en étudiant tous les plans possibles. « Ça dépend de ce que tu entends par dernier moment. Je peux m'en occuper en une semaine tout au plus. » Tournant vigoureusement la tête dans sa direction, le menaçant d'un index fébrile, j'essayais de faire mon regard le plus méchant, peine perdue. « Mais je te préviens, la femme a intérêt à valoir la peine que je me démène de la sorte. » Bien que je ne sois personne pour juger qui que ce soit, un sourire apparu sur mon visage, effaçant toute trace de crédibilité.
Un éclat de rire doux au son de mes petites oreilles, même si je savais pertinemment que ce serait à mon égard. Tout en faisant une moue boudeuse, je croisais les bras sous la poitrine, le suivant du regard. Je ne cherchais même pas à répondre à sa petite attaque. Attrapant de mes deux mains le verre d'eau qu'il me proposait, je trinquais avec lui sur cette longue journée et apportait ledit verre jusqu'au bord de mes lèvres, laissant coulées quelques bonnes gorgées fraîches. « J'apprécie un verre d'alcool de temps en temps, mais j'avoue mieux l'encaisser lorsque j'ai le ventre plein. » M'installant plus confortablement dans le canapé, mon coude sur le dossier, j'étais en train d'imaginer ses petits sushis dans mon assiette, j'en aurais presque l'eau à la bouche. Une petite illumination apparue dans ma tête et tout en avouant à moi-même que jamais ça ne serait sorti de ma bouche si je n'avais pas bu, les mots sortirent, j'espère dans un anglais compréhensible, n'étant vraiment plus certaine de l'efficacité de ma langue. « Je pense que l'on a fait le tour, à moins que tu ne trouves quelque chose à dire sur ta commande… » Arquant un sourcil tout en le défiant de me couper dans mon élan, je reprenais de plus belle. « Pourquoi est-ce que les deux célibataires les plus sexy de Seattle n'iraient pas prendre quelque chose à manger, en bonne compagnie ? » Je ne suis pas certaine que préciser que nous étions les plus sexy, était quelque chose de très important dans toute cette histoire, mais … Je ne pouvais plus retourner en arrière. Bien entendu, j'avais accompagné ses quelques mots d'un mouvement de main pour faire passer mes cheveux en arrière. Tapotant mes doigts un à un, sur le dossier du canapé, je finissais mon verre d'eau tout en le fixant par-dessus le rebord.
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Je ne pouvais qu’approuver ce qu’elle me proposait et l’accord sur cette commande fut conclu. Je gardais mon sourire en coin sans relever son écart de langage qui, entre nous, ne m’avait pas offusqué le moins du monde. Je l’observais ensuite basculer la tête en arrière pour réfléchir à ma nouvelle demande. Peut-être était-ce une nouvelle façon de trouver de l’inspiration ? Encore une fois, je gardais le silence tout en gardant mon air amusé. En réalité, je n’avais aucune intention de commander une robe de soirée mais j’adorais la taquiner. Sa réaction, en revanche, me surprit quelque peu mais je me reprenais bien vite pour surenchérir :
« Quels sont les critères pour que cette femme "en vaille la peine" alors ? Je n’aimerais pas t’offusquer ! »
Oh que oui je m’amusais ! Et je devais prendre sur moi pour ne pas la mettre vraiment mal à l’aise. L’avantage de travailler avec elle depuis longtemps me permettait de connaître les limites à ne pas dépasser. Ceci dit, Orion était une femme joueuse et je n’avais aucun souvenir d’avoir franchi un cap désagréable. Du moins, j’espérais ne pas l’avoir fait. M’en aurait-elle averti ? Son sourire me laissait présager que oui. Le verre d’eau semblait lui faire du bien et j’apprenais au même moment qu’elle n’avait pas dîné. Effectivement, ce n’était pas la meilleure idée du monde, surtout quand on avait pas l’habitude de boire un tel degré d’alcool, en soirée et après une dure journée de travail. Je fronçais les sourcils mais je n’eu pas le temps de répliquer quoi que ce soit qu’elle enchaînait déjà. Cette fois-ci, elle m’avait vraiment pris de court. Est-ce qu’elle me faisait des avances ? Je n’étais pas contre le fait de dîner, d’ailleurs mon ventre commençait lui aussi à se manifester et d’autant moins avec elle mais il fallait bien avouer que sa façon de m’inviter pouvait clairement prêter à confusion et ça n’était jamais arrivé auparavant. Je décidais de mettre sa proposition sur le compte de l’alcool – et aussi de la faim – mais je ne m’empêchais pas de l’embêter encore une fois :
« Qui te dit que je suis célibataire ? »
Après tout, ne venais-je pas de sous-entendre que je lui commanderais sûrement une robe de soirée ? Je plantais mes prunelles dans les siennes pour être certain de ne rater aucune miette de sa réaction. N’ayant pas non plus envie de lui faire perdre son sourire et sa bonne humeur, j’enchaînais ensuite :
« Détends-toi, tout va bien ! Allez prend tes affaires, je t’emmène dîner. »
Je reposais ma bouteille d’eau sur le mini-bar avant d’aller chercher ma veste et de m’assurer d’y trouver mon portefeuille. Une fois chose faite, je l’enfilais et je rejoignais l’entrée de mon bureau pour ouvrir la porte à la rouquine :
« Après vous Madame. » M’inclinais-je en désignant la sortie.
Je lui offrais un nouveau sourire avant de prendre sa suite et de fermer la porte de mon antre. Naturellement, je me proposais pour porter quelques-unes de ses affaires. Je m’avançais ensuite légèrement devant elle pour qu’elle puisse me suivre et ensemble, nous rejoignîmes le parking de la société. Je sortais alors mes clefs et je bipais mon Audi R8, mon petit bijou. J’ouvrais le coffre pour que la miss puisse y déposer ses affaires puis je lui ouvris la porte du véhicule tel un gentleman avant de prendre place au volant :
« Alors, dis-moi, qu’est-ce que tu voudrais manger ? »
Tout en lui posant la question, le moteur se mit à vrombir. Ce son me procurait toujours des frissons dans tout le corps. J’adorais conduire !
ϟ Pendant que je jouais avec le verre d'eau, faisant vaciller l'eau de droite à gauche en essayant de ne pas en renverser a côté, je réfléchissais à cette phrase que je venais de dire, mais surtout dans quel but, en tout cas, autres que de poser des questions indiscrètes sans raisons et sans envie d'ailleurs. Notre relation n'est que professionnelle avec quelques affinités tout de même, à force de se côtoyer, on se permet un peu plus de choses, mais pas à ce point-là non plus et même s'il avait réussi à détourner mon attention en me mettant très légèrement mal à l'aise, je voulais m'excuser, mais n'en fis rien, après tout, plus vite nous passions à autre chose et mieux se serait, c'est pourquoi je ne prenais pas la peine de lui répondre, levant simplement les yeux aux ciels en faisant une grimace d'enfant boudeuse. Bien entendu, le pire restait à venir, il ne fallait pas croire que j'allais m'arrêter aussi rapidement. Si d'ailleurs il était possible de faire machine arrière, je refuserais ce verre d'alcool et je prendrais ce verre d'eau depuis le départ, non seulement ça m'éviterait de déblatérer des choses improbables, de plus, je n'aurais pas la gorge aussi sèche, mais après tout, on dit que les choses n'arrivent jamais par hasard, croyez-moi, ce soir, il avait un humour bien étrange.
Manquant m'étouffer en buvant une dernière gorgée d'eau, je n'osais même pas relever la tête vers lui, restant le nez plongé dans mon verre, comme si ça pouvait fonctionner. Osant enfin relever mes yeux dans sa direction, un sourire se dessina sur mon visage lorsqu'il proposa finalement d'aller manger, il n'en fallait pas plus pour me rendre heureuse et me faire oublier toutes ses mésaventures. Rassemblant mes affaires sous un bras et tenant ma veste de l'autre, je passais la porte après que ce cher gentleman me le propose. « Quelle galanterie. » Espérant qu'il ne trouvait pas de pique supplémentaire à me faire, j'avançais dans le couloir à la suite de Nate, telle une ombre. Bien que je ne sois pas petite, mais au vu de la largeur de ses épaules, je ne faisais vraiment pas le poids, quelle belle carrure d'ailleurs. Marchant dans le parking dont les murs résonnaient à chacun de mes pas, claquant le sol à l'aide de mes talons, je regardais si je n'avais pas de nouvelles de la dog-sitter, mais un bip me fit relever la tête, je n'avais même pas les mots quant à la voiture qui venait de se déverrouiller sous mes yeux. Une fois mes affaires déposées dans le coffre, je m'installais confortablement sur le siège, ce fichu sourire d'enfant qui ouvre son cadeau de Noël. « Si je te le dis tout de suite, tu vas faire demi-tour, tu permets que je te guide ? » Bouclant ma ceinture tout en entendant le doux bruit de la voiture qui démarre, je me tournais vers mon chauffeur du soir. « Tu as d'autres surprise comme celle-là ? » Je pouvais m'attendre à tout, à partir de maintenant.
Les lumières de la ville n'étaient que plus belles à cette heure de la soirée, je me plaisais bien trop à les observer, que ce soit dans les ruelles où depuis la baie vitrée de mon salon, c'était comme une sensation de paix et de bien-être. Je me sentais chez moi dans cette ville et cela faisait longtemps que je n'avais pas eu ce genre de sensation. Guidant Nate à travers les rues encore bien animés, nous étions presque arrivés. « Tu peux te garer dès que tu trouves une place. » Le moteur éteint, je récupérais mes tympans petit à petit et fis un petit signe de la tête, lui indiquant de me suivre. Un peu de marche ne me ferait certainement pas de mal, éliminant ainsi le peu d'alcool déjà bien présent dans mon corps. « Prêt à déguster l'un des meilleurs repas ? » Je me mordillais la lèvre inférieure, m'évitant ainsi d'éclater de rire. Qu'il ne s'attende pas à du quatre étoiles, mais ce que je lui réservais était bien mieux. Je le savais bien trop souvent enfermés à travailler, prendre l'air ne lui ferait pas de mal, n'est-ce pas ? « Tadaaam ! » Désignant le stand de hot-dog en face de nous, j'arquais mon sourcil tout en le regardant, à mon tour d'observer sa réaction. Après tout, un bon hot-dog américain, assis sur un bain, avec en contrebas, la belle ville de Seattle, il n'y avait pas mieux pour se vider l'esprit et se remplir l'estomac.
✗ WORK : Directeur et héritier de l'entreprise de joaillerie de luxe "Richardson"
✗ ETAT CIVIL : Divorcé
✗ ORIENTATION SEXUELLE : Hétérosexuel
A new jacket with a new friend
« Est-ce que je suis censé m’inquiéter ? »
J’arquais un sourcil dans sa direction, l’air interrogateur. Orion était bien mystérieuse tout à coup. Bien entendu, j’avais en elle une confiance absolue. Si elle était aussi douée pour dénicher de bons restaurants qu’elle l’était pour confectionner ses vêtements, je pouvais la suivre les yeux fermés. Bien entendu, son excitation à l’idée d’aller manger sans me donner la destination exacte avait fini de me convaincre. Cette femme avait une joie de vivre communicative. Passer du temps avec elle me permettait de souffler, comme si je prenais enfin une bouffée d’air frais après être resté longtemps en apnée. M’en rendre compte était une grande première d’ailleurs. Depuis quand est-ce que la rouquine me provoquait ce genre de sensation ? Je sortais de ma rêverie à sa question :
« Cela se pourrait bien, oui. »
Je lui adressais un coup d’œil mystérieux dans un nouveau sourire :
« Je suis tout ouïe, Madame ! »
Nous quittâmes alors le parking pour rejoindre la route. J’écoutais sagement les directives de ma copilote qui nous menaient dans la partie la plus animée de la ville. Rien de bien étonnant en soit si ce n’était que nous traversions beaucoup de ruelles en voiture là où il serait parfois plus simple de passer à pied. J’ignorais quel type de restaurant pouvait bien se trouver là. Pour ça, Orion avait réussi son coup, j’étais vraiment curieux de découvrir où elle souhaitait m’emmener à présent. Quelques instants plus tard, je me garais à sa demande et nous sortîmes du véhicule.
« Où est-ce que tu nous emmènes comme ça ? » Demandais-je enfin.
Ce n’était pas comme si elle allait me donner la réponse tout de suite, alors que nous étions vraisemblablement très proches du but. D’ailleurs, elle répondit à ma question par une autre question. Encore une fois, son bonheur était communicatif aussi je me contentais de lui sourire et de la suivre gentiment. Elle était guillerette et je ne saurais dire si c’était lié à l’alcool qu’elle avait ingéré ou si c’était quelque chose qui faisait pleinement partie de sa personnalité. Sans doute un mélange des deux ? Lorsqu’elle s’arrêtait enfin pour se tourner vers moi et s’extasier de notre arrivée sur les lieux, je restais perplexe. La vue n’était pas mal mais il ne semblait y avoir aucun restaurant alentours. Je suivais alors sa main du regard pour y percevoir un stand de hot-dog.
« Attends, tu m’as fait traverser toute la ville pour des hot-dogs ? »
Je haussais un sourcil, peu convaincu, mais Orion ne semblait pas se démonter face à ma réaction. Visiblement, je n’avais pas tout saisi. Nous nous approchâmes tout de même du vendeur ambulant pour passer commande et je ne réalisais l’idée de la rouquine, qu’une fois installé à côté d’elle, la ville s’étendant à perte de vue sous nos pieds. Je croquais un bout de mon sandwich et je savourais aussi bien le goût de ce que je mangeais que le spectacle qui m’était proposé avant de me tourner vers mon interlocutrice :
« Ce n’est pas pour la nourriture que tu m’as emmené là, n’est-ce pas ? »
C’était une question rhétorique, après tout je connaissais déjà la réponse. La véritable question que je voulais lui poser était « Pourquoi ? ». Était-ce parce qu’elle voulait partager ce lieu avec moi ? Parce qu’elle en avait besoin ? … Je l’observais à la dérobée. Non, elle respirait la joie et vivre et l’énergie, ce n’était pas un besoin en soit. Alors… Est-ce qu’elle l’avait fait… pour moi ? Cette propre pensée me prit au dépourvu et je la balayais mentalement. Il n’y avait aucune raison pour qu’elle fasse une chose pareille. De plus, nous ne nous voyions pas assez et pas dans ce type de cadre non plus pour oser imaginer ce dont l’autre avait besoin, non ? Pourquoi est-ce que le fait de sortir de nos entretiens professionnels me perturbait à ce point avec elle ?
« Tu viens souvent ici ? » Demandais-je pour couper court à mes pensées.
✗ WORK : Directeur et héritier de l'entreprise de joaillerie de luxe "Richardson"
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Alors j’avais eu raison, c’était là un de ses havres de paix et, comme pour m’en faire prendre conscience, la rouquine posait délicatement ses doigts sur mon visage pour me faire tourner la tête et admirer le spectacle des lumières en contrebas. D’abord surpris par le geste, ma réaction fut instantanément balayée à la lueur de ce que je voyais et je m’apaisais. Néanmoins, la sensation causée par la caresse d’Orion sur mon visage elle, ne voulait pas se dissiper. Elle avait les mains douces et délicates, le genre de celles que l’on voudrait garder dans les nôtres comme pour les protéger et en prendre soin… Mais à quoi est-ce que j’étais en train de penser là ? Je croquais dans mon sandwich avec ferveur et, par chance, mon interlocutrice me sortit une nouvelle fois de mes songes :
« Pas vraiment, pour être honnête, je m’attendais plutôt à un bon restaurant de quartier. »
J’échangeais un regard complice avec elle avant de continuer :
« Il faut dire que le cadre est magnifique, à défaut. »
Je lui offrais un sourire sincère. De nous deux, j’étais celui qui l’aurait, pour sûr, emmenée dans un restaurant gastronomique. D’une parce que c’était le type de restaurant que je fréquentais principalement surtout pour des relations de travail et de deux parce que j’emmenais aussi les personnes que je jugeais importantes ou faisant partie de mon cercle social et familial élevé. Cette deuxième catégorie comprenait un nombre très limité de personnes et Orion en faisait partie. Je respectais cette femme pour son travail et pour son caractère jovial mais je peinais à qualifier notre relation. J’aurais aimé dire que c’était une amie mais en-dehors de nos réunions, nous ne nous voyions pas ni ne nous donnions de nouvelles. La réponse logique aurait été relation de travail mais nos échanges étaient plus détendus et amicaux que ceux que je pouvais bien avoir avec tous mes autres collaborateurs, alors quoi ? Je l’observais à la dérobée jusqu’à ce que nos regards ne se croisent tandis qu’elle se livrait sur elle.
« C’est quelle race de chien ? »
La question m’avait échappée. J’adorais les animaux, c’était un fait, mais je n’avais pas de temps à leur consacrer pour en avoir un chez moi. Ce qui ne m’empêchait pas d’apprécier ceux des autres.
« Je dois en déduire que tu pars à la montagne presque tous les week-ends ? »
Pourtant, l’imaginer gambader dans les hauteurs ne me rassurait pas des masses. Elle semblait si… fragile ! Tout pouvait lui arriver là-bas. Je me surprenais moi-même d’avoir cette pensée paternaliste. Elle était majeure et intelligente, elle n’avait pas besoin de chaperon pour l’accompagner !
« Je passe du temps avec mes grands-parents pendant mes temps libres. »
Je guettais sa réaction avec un sourire amusé. Après tout, ce n’était sans doute pas la réponse dont elle aurait pu s’attendre mais c’était la stricte vérité pourtant.
« Ils ne sont pas éternels et représentent tout pour moi. Avec eux, j’ai l’impression de redevenir un petit garçon parfois. » Je posais un doigt sur mes lèvres. « Mais c’est un secret entre nous. »
Pourquoi est-ce que j’avais dit ça à Orion ? Moi qui avais pour habitude de tout garder pour moi ? Le cadre y jouait sans doute pour beaucoup. Ici, en plein air avec une vue à couper le souffle, deux hot-dogs et personne pour nous interrompre, le temps semblait s’être figé et promettait avec lui des confidences. Penser à eux me mettait du baume au cœur. Certes, mon grand-père m’avait tout apprit et était rude avec moi la plupart du temps mais je savais tout l’amour qu’il me donnait à sa manière. Quant à ma grand-mère… Elle était l’archétype de la femme bienveillante et aimante envers sa famille. Elle préférait, et de loin, passer du temps dans sa cuisine à préparer des bons petits plats qu’à jouer l’épouse parfaite lors des soirées mondaines. Une femme très simple et joviale, loin de l’image de la femme froide et snob d’un riche homme d’affaires. Ce qui expliquait aussi pourquoi elle participait peu à ces soirées à moins d’être réellement contrainte de devoir y faire une apparition. En revanche, elle savait se faire respecter.
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« Bien, sur ce, je vous souhaite un bon week-end à tous. »
